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vendredi, 25 janvier 2013 19:07

INTERVIEW DE L'ARTISTE FAHAMU PÉCOU

Écrit par 

Artiste peintre d’Atlanta, Fahamu Pécou était de passage à Paris pour présenter sa dernière exposition « Negus In Paris ». Lady Caprice a rencontré ce phénomène lors de son vernissage le 10 Janvier. Interview.

Propos recueillis par Epée Hervé Dingong

Comment tout a commencé ?

Quand j’avais 9 ans j’ai tout de suite compris que je voulais devenir un artiste. J’ai décidé que j’allais faire des dessins animés. De 9 à 18 ans j’étais dans les « cartoons ». À l’université, j’ai découvert la peinture, la photographie, la sculpture et tout cela m’a vraiment ébloui. Dans mon enfance je n’avais pas été exposé à l’art. J’ai passé beaucoup de temps avec une de mes meilleures amies dans les galeries d’art et musées. J’ai également passé du temps à peindre dans son studio. De là, j’ai compris que je voulais être artiste peintre et je n’ai plus jamais regardé en arrière. C’est une passion et je ne m’en passe pas.

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Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous revoir à Paris pour une exposition intitulée « Negus In Paris ». Pouvez-vous nous expliquer d’où vient le concept ?

C’est une référence à «Niggas in Paris » une chanson de Jay-Z et Kanye West. Une des choses que j’aime faire ce sont des jeux de mots. Beaucoup de satires à Paris, j’ai voulu changer « Niggas in Paris » avec une chose différente qui évoque un tas de question à propos de ce qui est noir et en particulier l’importance de la culture noire à Paris. J’ai trouvé intéressant de voir qu’au siècle dernier des noirs américains et des noirs des caraïbes et pays d’Afrique se sont tous retrouvés à Paris pour échapper au racisme et à l’oppression. Des concepts sont nés comme la négritude. A cette époque, les artistes afro-américains sont venus à Paris où ils ont eu du succès alors qu’aux États-Unis il n’y avait aucune reconnaissance. Pendant plusieurs décennies, on retrouve cette influence noire. C’est intéressant pour moi de voir que vous venez d’un endroit où l’on vous a appelé nègre et que vous allez dans un endroit où vous devenez un roi. Et en même temps aujourd’hui vous avez des stars noires américaines qui viennent à Paris en se nommant nègre. Je voulais aussi jouer sur ça parce que nous sommes déjà des rois et des reines mais il y a toujours une attraction autour de ce mot. Je voulais déclarer une sorte de positivité autour de ce mot.

En France et même encore aux États-Unis le mot reste associé à une connotation négative.

J’essaye de ne pas l’utiliser aux États-Unis mais souvent c’est dur même si cela n’a pas la même définition. En dehors du contexte de ma communauté, le sens est différent et mal interprété. C’est une des raisons pour lesquelles je voulais jouer avec ce mot. J’ai utilisé le mot « Negus » qui est une référence aux rois d’Ethiopie. « Niggas » and « Negus » ont une sonorité similaire mais c’est aussi par rapport à mes voyages. À l’extérieur des États-Unis, les gens apprécient la culture américaine, le Hip Hop et pensent qu’ils peuvent plus facilement communiquer et sympathiser avec toi en t’appelant Nigga / Nègre. Ceci m’est arrivé en Suisse, je leur ai dit non ce n’est pas comme ça c’est insultant. Je comprends le contexte qui n’est pas le même qu’aux USA.

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Dans cette exposition, vos œuvres font références à certains célèbres afro-américains qui ont vécu en France.

Oui effectivement je fais référence à des publications et revues des années 20 et 30 et de la période qui traite de la négritude et de ces fondateurs de la Harlem Renaissance et du développement de la conscience noire.

Cette semaine Quentin Tarantino et toute son équipe du film « Django Unchained » ont fait la promo du film à Paris. On a entendu certaines critiques concernant le mot nègre dans le film et celle de Spike Lee qui boycotte le film. Avez-vous le film et qu’en avez-vous pensé ?

J’ai aimé ce film. En tant que fan de Tarantino, je savais à quoi m’attendre car je connais son style. Je ne me suis pas senti offensé par l’emploi répétitif du mot nègre dans le film. Comme il s’agissait d’un film pendant l’histoire de l’esclavage, je me suis que dans la réalité cela devait être pire. Les critiques disaient que c’était encore un autre film à propos de l’esclavage. D’autres ont dit que c’était un autre point de vue d’un directeur et scénariste blanc sur ce thème. Je vois plus le film comme une allégorie par rapport à une lutte. Et j’ai trouvé cela plutôt poétique avec l’histoire de Brunhilde (rôle joué par Kerry Washington). Voir un esclave qui combat pour récupérer sa femme et ce dans le contexte de l’esclavage, tout cela pour l’amour de sa compagne est une grande métaphore. L’amour est une des grandes choses qui ressort dans ce film. Je ne sais pas si tout le monde se rend compte de ça car certain reste focaliser sur le mot nègre ou la violence dans le film. C’est une œuvre de Tarantino et je pense que c’est un bon film.

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Revenons à vous il y a encore quelques années vous avez lancé une campagne publicitaire assez atypique où l’on pouvait lire « Fahamu Pecou is the shit ». C’est plutôt une manière originale de se faire connaître.

A un moment dans ma carrière, j’étais frustré car je voulais être un artiste reconnu. J’avais fait tout ce qu’il fallait faire dans le circuit scolaire. De 1998 à 2001, rien ne marchait. Parallèlement j’étais aussi un designer graphique. J’ai bossé sur des projets pour des artistes, des politiciens, des musiciens. J’ai commencé à me poser la question que se passerait-il si une personne utilisait le même type de promotion qu’un acteur ou un musicien. J’ai commencé à penser à ma campagne publicitaire « Fahamu Pecou is the shit ». Au départ je voulais juste voir la tournure que cela prendrait. Par la suite, c’est devenu une manière de reconnaître mon nom tout en espérant un jour l’envoyer à une galerie. Dès que j’ai mis des stickers ou flyers, j’ai commencé à être connu. Les épiceries, les écoles ou autres les gens me reconnaissaient. On me demandait ce que je faisais car ma campagne ne donnait en fait aucune information. Pourtant ils sont transportés et fascinés par ce type. J’ai observé une certaine considération comme une star du hip hop. Je n’ai pas d’entourage et je ne fume pas d’herbe mais les gens s’attendaient à ce type de clichés que l’on retrouve dans les médias. J’ai trouvé intéressant de trouver un personnage multi casquette qui pouvait incorporer différentes facettes même si je suis loin d’être ce que l’on peut voir. C’est vraiment une entité séparée et quelqu’un que j’interprète. Les gens pensent et se posent des questions sur la représentation de la masculinité noire.

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Finalement vous avez appris beaucoup de cette campagne publicitaire qui s’apparente à du street-marketing.

J’ai travaillé avant de faire « Fahamu Pecou is the shit » mais on ne faisait pas attention à moi. C’est justement avec cette phrase que tout démarre. Les gens peuvent s’identifier avec ce personnage parce qu’ils se sentent plus en sécurité qu’avec moi. Le genre de noir décrit par les médias que sont les Kanye West, Jay-Z alors ils ont anticipé que Fahamu Pécou serait le même. Le Hip Hop est une partie de moi mais je lis car j’aime lire des livres des essais tout le temps. Je voulais montrer que le noir est tout aussi complexe que ce que l’on voit dans les magazines. Arrêter de croire que tout les hommes noirs sont les mêmes.

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A quel prix peut-on acheter vos œuvres exposées lors de « Negus in Paris » ?

Les prix vont de 1200 à 1500 euros. D’autres œuvres un peu plus larges vont de 15000 à 25000 euros.

« Negus in Paris »

du 10 janvier au 23 février 2013

Back Slash Gallery

29 rue Notre-Dame de Nazareth

75003 Paris

Son site

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